L’histoire inédite de Bernard Lipstadt

De 1940 à 1942, le pouvoir militaire allemand en Belgique édicte des ordonnances anti-juives qui vont peu à peu exclure les Juifs de la vie économique, sociale et culturelle.

Quand il devient évident que les nazis veulent déporter tous les Juifs d’Europe vers l’Est, c-à-d. vers les camps de la mort, des familles juives vont entrer dans la clandestinité et cacher leurs enfants. En Belgique, 25.000 Juifs seront déportés, mais près de 4.500 enfants vont être cachés chez des particuliers ou au sein d’institutions de tous bords politiques et religieux. Les parents de Bernard vont donc cacher leur fils au lycée Gatti de Gamond à Woluwé-Saint-Pierre où il rejoindra d’autres enfants juifs cachés également par la directrice de l’école et son mari.

C’est là que Bernard Lipstadt a connu Andrée Geulen, une résistante belge qui vivait au lycée Gatti de Gamond. Avec son réseau de femmes du Comité de défense des Juifs, elle allait chercher les enfants dans les familles juives et les plaçait en lieux sûrs. Andrée tenait plusieurs carnets distincts contenant les informations de chaque enfant caché.
– Un 1er carnet contenait les noms d’origine de chaque enfant.
– Un autre, les faux noms.
– Un troisième, les adresses où étaient logés les enfants…
Chaque carnet était caché dans un endroit différent et Andrée apprenait le contenu de ces carnets par cœur.

Mais un matin, la Gestapo fait irruption dans le dortoir du lycée et arrête tous les enfants et des adultes qui se trouvaient avec eux. Bernard et ses copains et copines du lycée Gatti de Gamond sont transportés à la caserne Dossin. Bernard y arrive le 12 juin 1943. Bernard restera 3 semaines à la caserne Dossin pendant lesquelles il subira privations, vexation et un grand manque d’hygiène. Il contracte la gale et est envoyé à l’hôpital Onze-Lieve-Vrouw situé à un kilomètre de la caserne.

Ses parents remuent ciel et terre pour essayer de le sortir de là. Un matin, grâce à un stratagème mis en place par Bernard lui-même, il sort de l’hôpital et rejoint sa mère qui l’attendait dans un café tout proche. Il est libre et ne sera plus jamais repris par les nazis.

Ironie du destin, après la guerre, Bernard fera son service militaire à la caserne Dossin, le lieu même où il avait été emprisonné.