Film documentaire « La Ligne d’évasion Comète : Andrée De Jongh, Andrée Dumon »

Au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1940, la jeune Andrée De Jongh, 24 ans, épaulée par de vaillants hommes et femmes tels qu’Andrée Dumon, alors 19 ans, se lance dans une mission audacieuse en Belgique occupée : secourir les militaires alliés égarés en territoires occupés, dont de nombreux pilotes dont l’avion a été abattu au-dessus de notre territoire. Décidée à agir, elle élabore méticuleusement un réseau d’évasion à travers la Belgique et la France pour les guider vers l’Espagne et Gibraltar, territoire britannique, leur unique chance de rejoindre l’Angleterre.

Faisant preuve d’une détermination inébranlable, Andrée De Jongh dirige avec passion et expertise le réseau clandestin, qui sera ultérieurement baptisé « Comète » par les Anglais. En dépit des dangers permanents, elle persiste dans sa mission, accompagnant elle-même les hommes lors de l’étape la plus périlleuse de leur voyage : la traversée des Pyrénées.

La mise en place des principales composantes de la résistance

Dès l’été 1940, un petit nombre de femmes et d’hommes refusent de se soumettre à la loi de l’occupant. Cet état d’esprit, qui mènera de plus en plus de personnes à la résistance, soit à la lutte organisée contre l’envahisseur et ceux qui le soutiennent, s’appuie en premier lieu, comme dans tous les pays occupés par le Reich, sur deux valeurs, l’antifascisme et surtout le patriotisme. Mais pour que celles-ci soient opérantes, il est important que dans la hiérarchie des autres valeurs adoptées, prédominent des éléments venant renforcer ces principes de base, comme le pro-communisme, l’anglophilie, le goût pour la liberté, celui pour la justice, l’attrait pour la démocratie, le sens de la solidarité, et surtout la germanophobie.

Cela permet de mieux comprendre pourquoi la résistance s’est au départ particulièrement développée dans une petite et moyenne bourgeoisie francophone proche des milieux d’anciens combattants, marquée par le souvenir de 14-18 et où règne, dès avant l’invasion, un patriotisme empreint d’une forte germanophobie. La seule présence de l’ennemi associée à l’absence d’effondrement de l’Angleterre suffit à un certain nombre de ses membres pour entamer le combat clandestin à l’automne 1940. Attestent de l’activité de ce premier noyau résistant l’aide accordée aux soldats anglais désireux de rejoindre la Grande-Bretagne, la mise en place d’embryons de services de renseignements et la création de multiples feuillets clandestins. Mais la preuve la plus tangible de son développement réside dans la réussite, en particulier à Bruxelles, de sa campagne menée alors en faveur de la commémoration du 11 novembre 1918.

Les facteurs de développement

Si le souvenir de 14-18 et en particulier de la lutte clandestine non armée alors déjà pratiquée aide certains à s’engager très tôt dans le combat clandestin, il n’en reste pas moins que la Belgique est un Etat aux traditions démocratiques où ni les esprits, ni les structures ne sont, de manière générale, préparés à s’organiser dans l’ombre au lendemain de la défaite. Aussi de longs mois sont-ils nécessaires pour passer d’une résistance isolée et inorganisée à un appareil clandestin capable de mettre sur pied des actions susceptibles de gêner vraiment l’envahisseur. La disproportion des forces en présence rend d’ailleurs toute initiative particulièrement ardue. Des facteurs externes et internes vont permettre de surmonter ces difficultés.

Dès l’été 1940, les Britanniques cherchent à nouer des liens avec les premiers noyaux d’opposants, qui tentent alors vainement d’entrer en contact avec ‘Londres’. Par contre, la Sûreté de l’Etat belge, créée dans la capitale britannique en novembre 1940, n’envoie son premier agent en Belgique qu’en juin 1941. A partir du second semestre 1941, une coopération plus étroite s’établit entre les services belges exilés à Londres et les structures britanniques. Plus nombreuses, les missions gagnent dès lors en efficacité.

Les réseaux d’évasion

Le profil sociologique des milliers de résistants se dévouant dès 1940 pour venir en aide aux personnes désireuses de rejoindre le monde libre, à savoir essentiellement des Belges soucieux de servir en Angleterre, des soldats anglais coincés sur le continent, des militaires français évadés des camps allemands, des Juifs, des agents ‘brûlés’ et des aviateurs alliés dont l’engin a été abattu, a été moins précisément étudié.

On sait cependant que la plus importante ligne d’évasion, Comète, qui d’août 1941 au printemps 1944 vient en aide à près de 700 aviateurs et en achemine près de 300 ainsi qu’une cinquantaine de Belges au-delà de la frontière espagnole pour les remettre aux mains des Britanniques, compte parmi ses 2.000 collaborateurs un nombre relativement élevé de nobles et de jeunes femmes.

L’aristocratie est de manière générale très présente dans la Résistance, en particulier dans les mouvements à connotation militaire, ainsi que dans les réseaux de renseignements et d’évasion. Les femmes le sont moins, sauf lorsque, comme c’est souvent le cas dans la bourgeoisie et la noblesse, elles sont relativement émancipées vis-à-vis de leur mari ou de leur père, et pour autant qu’elles s’en tiennent aux rôles relativement traditionnels d’assistance et de liaison. On comprend ainsi mieux la part qu’elles occupent dans Comète.

Source: La résistance en Belgique durant la Seconde Guerre mondiale, Fabrice Maerten (CEGESOMA)